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Semaine d’une charrue charriée

15 Oct

C’est lundi. Le lundi, même si ça finit en « i », dans ma tête ça rime avec « ordinaire ». Le lundi, ça se camoufle au milieu de l’ordinaire, comme le « di » au milieu du mot. Enfin, le lundi c’est pas que c’est moche, c’est juste pas excitant, c’est monochrome. Terne, uni, rien d’aventureux. Dans le fond, ça passe, mais c’est assez décevant à regarder. Le lundi, je me lève puis je me regarde dans le miroir : « T’es qui toé parce que j’pu sure de te reconnaître? » Un visage que je connais depuis trop longtemps et il me dégoute. Je le regarde, je le hais, mais je ne peux pas m’empêcher d’éprouver de la sympathique pour lui. Il m’écoeure tellement que j’en ai pitié ou j’en ai tellement pitié qu’il m’écoeure… Ambiguë. Rendu là, ça revient au même de toute façon, je m’écoeure.

Le plus douloureux dans tout ça c’est que des fois j’aimerais mieux ne pas le connaître. Ciao la connue, je t’ignore comme une inconnue, je me ferme les yeux puis j’évite les miroirs. Le lundi, je tente d’oublier qui je suis, ce que j’ai été, parce que le lundi j’hésite entre me donner le titre de charrue ou de charriée.

Le mardi est assez maigre, je me sens petite dans mes culottes. Bref, c’est pas le Mardi gras plein de festivités et d’allégresse, c’est une réflexion sur mes activités passées pleines de festivités et d’allégresse… Le mardi, je me sens charriée par d’autres charrues. Le plaisir au bout du compte ça fait mal. C’est la journée boulimique. J’ai envie de vomir tout le plaisir que j’ai eu, m’en débarrasser, qu’il ne se soit rien passé. Je me sens coupable, j’ai honte, je me dis que ça ne se reproduira plus quand je sais très bien que je risque de rechuter. Je regrette de ne pas être restée chez moi à faire des mots-croisés en me disant : « Vertical 4, 7 lettres; suicide japonais. Hum! … Seppuku! » Et là, j’aurais donc bien augmenté mon niveau de connaissances au lieu du niveau d’innocence… Et innocence dans le sens de stupidité et non de charmante naïveté. Quoique la stupidité dans mon cas c’est lié à ma naïveté, disons qu’ils sont nés siamois et sont indissociables. Bref, le mardi je me sens charriée. Une charrue m’est passée sur le corps, a fait de moi une « belle petite merde » et m’a trainée avec elle dans son univers.

Le mardi j’ai mal aux tripes, je veux régurgiter et faire une « boulimique des plaisirs » de mon être pour n’avoir aucune conséquence de tout ça. Le mardi, même si je voulais, je ne peux pas vomir alors je maudis les charrues de ce monde qui charrient de pauvres innocents-stupides comme j’ai été.

Je suis contre les mercredis. Les mercredis ça pue. Il y a une erreur dans le mot, j’appellerais ça les merdecredis. Les merdecredis je me sens merde, je sens la merde, je vois de la merde partout. Je suis enfoncée jusqu’au cou dans la merde question d’avoir l’odeur qui rôde bien proche de mes narines. Les merdecredis je suis une charrue enlisée dans la merde. Puis j’essaye de m’en sortir, et j’éclabousse de merde tous ceux qui tentent de m’aider. Pauvres âmes charitables, ôtez-vous de mon passage, parce que vous risquez de vous retrouver charriées à votre tour. Et plus je tente de m’en sortir, plus le splash est phénoménal. De la merde, j’en fais revoler partout. Les merdecredis c’est merdique. L’odeur est imprégnée à ma peau puis on dirait bien que même si je frotte avec un savon, ou pire, un SOS, ça ne part pas. Ça me colle à la peau, comme si j’avais été à un festival de la moufette… L’odeur est juste plus écoeurante puis récurrente, je ne suis pas capable de m’en débarrasser, elle fait désormais partie de moi. Les merdecredis c’est merdique, je me rends compte qu’au fond je suis devenue à mon tour une belle charrue.

Le jeudi, je suis qui? Je me sens mal dans les deux rôles. Le jeudi je suis schizophrène, man j’suis qui?! C’est rendu que je le sais plus. Suis-je une charriée? Suis-je une charrue? Suis-je un béluga? Aucune idée. Le jeudi, je perds mon identité, j’ai plus aucun cadre de référence, plus rien ou plus personne sur qui me fier. Le jeudi, je voudrais être le personnage principal de la série de livres « dont tu es le héros ». Tu es au Mardi gras et tu t’apprêtes à faire une gaffe monumentale. Si tu veux recevoir une claque dans face pour te réveiller, saute à la page 49. Si tu n’as pas envie de réfléchir, reviens à la page 12. Si tu tentes de distraire l’adversaire en vomissant au sol, tourne à la page suivante. C’est drôle parce que si le choix te plait, tu continues dans ce sens-là, s’il ne te plait pas, tu changes d’idée et passes à une autre page pour avoir le meilleur scénario possible. C’est drôle parce que tu peux vivre tous les scénarios si tu le veux. C’est drôle parce que tu peux savoir ce qu’il va t’arriver. C’est drôle parce que dans la vraie vie quand tu choisis une option, c’est un non-retour, tu assumes la page que tu as choisie. Même si ce n’est pas la bonne, même si tu aimerais revenir en arrière, il est souvent trop tard. C’est drôle parce que le livre, si j’avais eu le choix, j’aurais été ni charrue ni charriée comme personnage principal, je ne l’aurais juste pas choisi comme histoire. Ça aurait évité un bad trip de schizophrénie.

L’illusion d’optique c’est le vendredi. Qu’est-ce qui est arrivé? Rien n’est arrivé! Le vendredi, je ne suis rien de tout ça. Le vendredi j’oublie. Le vendredi, je me saoule à l’imaginaire. J’imagine, j’espère, j’idéalise, je fabule un univers dans lequel rien ne s’est passé, dans lequel je ne suis pas. Le vendredi c’est le grand théâtre! Je me joue assez bien la comédie je dois dire! Le seul problème c’est que, lorsque la pièce est terminée, je me retrouve dans ma loge, pas de fleurs, pas d’éloges, pas rien. J’enlève mon costume, mon masque, puis je me rends compte qu’en dessous, c’est la même chose qu’avant. La pièce n’a juste pas duré assez longtemps à mon goût. Je me jouerai la comédie une autre fois…

DMS. DMS pas comme dans DMX « Yo yo je fais de la musique negga », DMS comme dans Destruction massive le samedi. Ouais, samedi c’est un jour de destruction massive. Je veux tout détruire. J’ai envie de tout lâcher, de tout briser, de briser ce qui m’entoure, de me briser les os. Je suis soldate le samedi. Je n’ai pas de pitié. Le samedi, je n’ai même pas besoin de m’armer, je suis l’arme. Je me fous un peu de ce qui arrive rendu là, ça n’a plus d’importance. Pas de pitié, pas d’émotions, pas de peur, pas de rien… Plus rien. Plus rien qui ne m’atteint, plus rien qui en vaille la peine, plus rien qui m’importe vraiment. Le samedi je suis soldate, j’ai beau avoir existé avant, maintenant que je suis sur le champ de bataille, il n’y a plus rien d’autre que moi et tout le reste. Puis tout le reste je m’en fou, parce que je sais c’est la fin, qu’une fois le combat terminé, je ne tiendrai plus debout moi non plus. Au moins, j’aurai détruit, comme tout bon soldat.

C’est dimanche, ô combien populaire (ou impopulaire) jour du Seigneur et je me repentis. Peu importe le fait que je sois la charrue ou la charriée, ça ne change plus rien désormais. Le dimanche, je cherche à oublier, à revenir en arrière. J’espère un miracle… Je prie, j’implore! Pardonnez-moi! Je ne sais pas si c’est en vain, je ne sais pas si ça va donner quelque chose, mais je le fais pareil. Le dimanche, je cherche à me faire pardonner de tous… Pardonnez-moi, parce que moi je ne me le pardonne pas…

 
2 Commentaires

Publié par le octobre 15, 2009 dans États d'âme, Sexe à l'état de cul

 

2 réponses à “Semaine d’une charrue charriée

  1. Savannah

    octobre 17, 2009 at 9:34

    Awesome blog!

    I thought about starting my own blog too but I’m just too lazy so, I guess Ill just have to keep checking yours out.
    LOL,

     
    • sinisnotacrime

      octobre 26, 2009 at 1:32

      so sweet!!!! thx a lot 😉

       

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